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Colloque organisé par l’association Jean-Pierre Calloc’h sur le Comte de Chambord - Message



Je félicite les membres du Cercle Jean-Pierre Calloc'h, présidé par Benoit Courtin, qui organise ce jour à Vannes le colloque "Le Comte de Chambord, un esprit pour notre temps".


Malheureusement absent du fait des fortes contraintes sanitaires, le Colonel Jacques Hogard m'a à nouveau représenté pour introduire cette journée.


Le message d’Henri V passe les époques et demeure pour demain. La parole est maintenant aux historiens et je les remercie du travail patient de recherche qu’ils effectuent. J'adresse mes félicitations au professeur Guillaume Bernard qui préside les travaux de ce colloque. Alors que l’histoire est instrumentalisée à des fins idéologiques être historien n’est pas facile, mais, là aussi, il faut savoir demeurer fidèle à la vérité.


Retrouvez mon discours d'introduction ici :


Chers Amis,


A l’occasion du bicentenaire de sa naissance, vous avez souhaité commémorer la personnalité du Comte de Chambord. Je remercie le Cercle Jean-Pierre Calloc’h d’avoir eu cette initiative menée dans un contexte difficile.


Pour vous tous ici réunis pour ce colloque, le Comte de Chambord est d’abord une figure historique, avec tout ce que cela sous-entend de recherches et d’études. Elle l’est pour les historiens qui y consacrent leurs travaux et que vous aurez le plaisir d’entendre tout au long de la journée. Personnalité historique, le Comte de Chambord l’est aussi pour le public qui sait combien ce Prince et son action ont souffert d’approches subjectives, voire partisanes. Il y a donc toujours à mieux approfondir la connaissance de ce règne dense, même si ce dernier n’a pu être abouti pleinement, et de cette personnalité si attachante et que ses contemporains ne surent pas toujours comprendre. Mieux apprécier tout ce que l’action du Prince recouvre est donc nécessaire et je remercie d’avance tous les orateurs et, notamment, ceux que l’emploi du temps chargé de mon déplacement dans votre région m’empêche d’entendre et que je lirai avec attention lors de la publication des Actes.


Mais mon approche est différente, car, si je suis le successeur légitime du Comte de Chambord, désigné selon les antiques lois du royaume de France, en revanche, je n’ai pas de légitimité à parler en historien. Evoquer le Comte de Chambord est pour moi d’abord une histoire de famille, celle des Bourbons. Une histoire d’une famille un peu particulière, puisqu’elle est aussi celle dont le destin est intimement lié à celui de la France. De cela, mon grand-oncle avait conscience, lui qui mettait le principe qu’il incarnait au-dessus de sa personne. Si je suis à mon rang actuellement, c’est à lui et à son inflexibilité que je le dois. Toute sa vie est le reflet de ce service qu’il devait à la France ; le reflet de ce métier de roi qu’il ne pouvait pas voir, en conscience, travesti et détourné de ses fins. Il ne pouvait renier les principes qui avaient fait la grandeur et la force du royaume de France. N’oublions jamais que, même exilé, il était regardé comme un souverain et que son opinion, ses gestes étaient épiés, car il demeurait, même privé de tout pouvoir apparent, l’héritier légitime. Ce qu’il incarnait était plus fort que sa propre personne. Il demeurait un recours, pour la France, mais bien au-delà, partout où notre pays savait faire entendre sa voix. Pour le bien commun, il n’a jamais trahi la cause de la Légitimité. Voilà son message d’outre-tombe.


Pour sa famille et notamment pour ceux qui en sont les chefs, génération après génération, le comte de Chambord a légué un testament moral, qui, à la différence des héritages physiques, perdure et est toujours aussi vif.


Ce testament moral légué par le Comte de Chambord à ses descendants peut se résumer en quatre mots qui demeurent des fondements pour les chefs de Maison. : lucidité et réalisme, d’une part, pour caractériser le souverain ; espérance et piété profonde, de l’autre, pour le prince chrétien.


Plus qu’aucun autre de ses contemporains, le Prince est resté sa vie durant lucide devant les évènements et devant les hommes, sans s’abandonner aux rêves des idées. Confronté à l’âge de dix ans à l’émeute et à la révolution, comme à la traitrise de certains de ses proches, il a très vite compris qu’un chef d’Etat devait être en prise avec le réel et que le Bien commun devait transcender ses intérêts personnels. Cette ligne de conduite, il l’a léguée à ses successeurs. Ne pas croire aux mirages. Tenir le cap. Voir loin pour pouvoir gouverner au quotidien. Etre lucide sur les choses comme sur les hommes. En ce sens, il a fait siennes les maximes pleines de sagesse politique de son aïeul direct Louis XIV s’adressant au Dauphin. Il faut savoir affronter avec lucidité toutes les situations et ne pas transiger. Cette éducation, pour le Comte de Chambord, avait commencé alors qu’il était à peine adolescent et elle devait se poursuivre par la suite par l’observation qu’il faisait de la France et des autres états européens pour lesquels le XIXe siècle fut bien souvent une époque de troubles. Les gouvernements légitimes étaient souvent remis en cause au profit d’autres, qui ne tenaient que le temps des passions éphémères des hommes et des vaines promesses. Le Comte de Chambord a refusé la facilité et n’a pas accepté d’abandonner ce qu’il représentait. Cette force de caractère dont il fit preuve, reste un exemple. Dans les temps de tempêtes, un roi doit demeurer ferme. Louis XVI son grand-oncle en mourut. Son grand-père en perdit son trône. Il était de la même école, celle du devoir à l’égard de la France. Le Prince souhaitait que celle-ci renoue avec sa tradition et reprenne le chemin de sa grandeur brisé en1789, puis en 1830. Le Comte de Chambord a compris très tôt qu’il n’aurait pas à transiger avec les idées nouvelles qui étaient à la fois perverses puisqu’elles rompaient avec l’ordre naturel, et contingentes puisqu’elles reposaient sur les émotions du moment ou sur la satisfaction d’intérêts sectoriels. Le Comte de Chambord a perçu la nocivité de ces idées à un moment où elles n’avaient pas encore déployé toutes les facettes de leur malignité et il a voulu les éviter à la France, au sacrifice de sa montée sur un trône qui aurait été le reniement de mille ans d’histoire. S’il a pu constater les méfaits des débuts de la société moderne notamment en ce qui concerne la condition des hommes et des plus pauvres en particulier, il n’a pas vu, heureusement pour lui, les dérives auxquelles, 150 ans après, notre société est confrontée. Mais ce qu’il faut en retenir, c’est la lucidité contre les mirages des modernités, qui ne font que passer, laissant trop souvent derrière elles des dégâts catastrophiques comme on le constate actuellement après les drames des XIXe et XXe siècles. Gardons donc de son message cette sagesse basée sur le réalisme qui doit être au fond de l’action des souverains. En ce sens le Comte de Chambord prolonge l’héritage de ses ancêtres et le laisse intact pour ses successeurs.


Mais au réalisme lucide de Louis XIV encore fallait-il ajouter l’espérance et la piété d’un Saint Louis. Là encore, le message que le Comte de Chambord adresse à ses successeurs est toujours actuel. En son siècle où science et technique faisaient de grands progrès, il n’a jamais oublié qui était le créateur. Dieu et la religion doivent demeurer au cœur de l’action politique, si l’on ne veut pas qu’elle soit, finalement, vaine et surtout dévoyée. Ainsi, le Comte de Chambord a non seulement toujours soutenu le Pape confronté à la question de l’unité italienne, mais il a soutenu toutes les œuvres qui pouvaient contribuer à ce que la société moderne ne se fasse pas contre la religion, mais avec. Là aussi, il a perçu les évolutions de son époque tant en France même que dans le monde, en apportant le secours du fils de Saint Louis, aux Chrétiens du Liban, déjà martyrisés lorsque les Turcs encouragèrent les massacres en 1860. Sa foi et sa piété permettaient au Comte de Chambord d’affronter les épreuves du présent et de garder l’espérance pour l’avenir. Voilà ce qu’il a légué à ses héritiers légitimes.


J’ai été heureux de pouvoir le rappeler aujourd’hui devant vous tous. Le message d’Henri V passe les époques et demeure pour demain. Je laisse la parole aux historiens en les remerciant du travail patient de recherche qu’ils effectuent. Alors que l’histoire est instrumentalisée à des fins idéologiques être historien n’est pas facile, mais, là aussi, il faut savoir demeurer fidèle à la vérité.


Merci de m’avoir écouté.

Louis, Duc d’Anjou





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