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Le Roi et la France

Capétiens directs, Valois et Bourbons ont exercé, grâce à l’efficacité des lois fondamentales du royaume, peu à peu formalisées, la dignité royale pendant quinze siècles, jusqu’en 1830, mais encore après par l’influence qu’ils peuvent avoir, comme héritiers d’une tradition multiséculaire.



AU SERVICE DE LA FRANCE


La royauté est ainsi étroitement associée à l’histoire de France, ouverte par le baptême de Clovis et le miracle fondateur de la Sainte Ampoule, consommée à nouveau par le sacre des rois très chrétiens au début de chaque règne, relayée par la sainteté de Louis IX ou de Jeanne d’Arc, entretenue par le vœu de Louis XIII, rappelée enfin par la terrible question posée par le pape Jean-Paul II lors de son premier voyage dans notre pays : « France, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? »


Interrogation toujours ouverte qui suscite depuis tant de réflexions et sert d’ancrage à ceux et celles pour qui bien commun et chose publique sont au coeur de l’action, tant il est vrai que l’homme, animal social, est sur terre pour contribuer à la perfection de la société.



ACTION POLITIQUE


Ils ont été les patients ouvriers d’un pays singulier, qui aurait sans doute pu être mais alors bien différemment sans les « soixante rois », en presque « quinze siècles ». C’est par leur action longue et persévérante que la France a su accéder à l’universel.

On sait bien aujourd’hui - fors un dessein providentiel - que nulle fatalité d’aucune sorte - géographique, ethnique, linguistique ou autre - ne portait la France en ses flancs. Le «pré carré» a bien plutôt résulté du travail patient, tenace, modeste, d’une dynastie terrienne de superbes rois paysans. Voyez Clovis qui abandonne le monde archaïque gallo-romain pour créer un pays neuf en se reposant sur l’autre force nouvelle historique : l’Eglise. Voyez Hugues, le fondateur éponyme; il s’écarte des chimères carolingiennes, il bannit toute nostalgie d’empire universel, il jette son soc comme une ancre et amarre la France à l’Ouest. Voyez ces premiers Capétiens, si faibles, plus faibles à tous égards que les derniers Carolingiens du fait de l’amplification du processus de dissociation politique qui travaille l’Occident : forts de la dignité royale, ils tiennent bon, ils font face à plus puissants qu’eux, ils conquièrent patiemment leur indépendance, envers l’empereur et le pape à l’extérieur et sur les Grands à l’intérieur ; et Philippe-Auguste finit, à Bouvines, en 1214, par étayer la suprématie de droit du roi de France d’une indispensable supériorité de fait.

Voyez encore le patient grignotage qui, en plusieurs siècles, va substituer le moderne « hexagone » - définitif, en dépit des guerres sanglantes de la Révolution et de l’Empire - au pentagone médiéval, plus vulnérable, que bornaient l’Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhône. Voyez enfin la façon dont Louis XIV cassera la tenaille de la maison d’Autriche en installant son petit-fils Philippe d’Anjou, ancêtre de Mgr le Duc d’Anjou, actuel aîné des Bourbons et donc successeur légitime des rois de France, sur le trône de Madrid, d’où ses descendants rayonneront sur l’Italie, faisant de la Méditerranée nord-occidentale une mer bourbonienne au milieu du XVIIIème siècle.

On ne cherchera pas, au principe de cette longue marche, un dessein géopolitique précis : la fermeté capétienne est mise au service de la finesse plus que de la géométrie et la notion de « frontières naturelles » est beaucoup plus tardive. La stratégie matrimoniale relaye d’ailleurs volontiers la gloire des armes. La méthode est celle des petits pas. Seule la folle chevauchée des guerres d’Italie fait exception mais le comptable le plus sévère l’excusera peut-être, sinon à cause du panache, du moins en considération du vaste mouvement intellectuel et artistique qu’elle a suscité.

Rayonnement par les armes. Rayonnement par les surgeons que l’arbre capétien multiplia dans les pays les plus divers. La France des Bourbons rayonna aussi en effet par les arts, encouragés avec un goût sans faille, et par les lettres. La pointe de la plume relayait celle de l’épée et le plat de la truelle celui du sabre pour l’édification de la grandeur française.



RAYONNEMENT CULTUREL


Comment oublier que la plupart des grands édifices artistiques et culturels qui font, aujourd’hui encore, le renom de la France, ont été créés, protégés et encouragés par nos rois ? Et, alors que la langue française est en pleine déconfiture, comment n’avoir pas le coeur serré en évoquant ce XVIIIème siècle où, culturellement, l’Europe était française et où les élites parlaient la langue de nos classiques du Rhin à l’Oural ?

Trente-six rois capétiens en huit cents ans. Trente de plus de Clovis à Hugues Capet. Quatre encore, si l’on remonte au légendaire Pharamond... Au regard de la continuité profonde des trois races royales françaises, ce n’est pas des « quarante rois qui en mille ans... » qu’il faudrait parler, mais «soixante-dix rois qui en quinze siècles » ont, sinon fait la France, au pied de la lettre, du moins étroitement façonné notre pays, dans sa géographie, sa langue, sa religion, ses arts, ses mœurs, sa politique au sens le plus noble du terme... L’héritage de la Royauté appartient ainsi, indivisément, à tous les Français.

La mémoire nationale est en crise. Au moins est-il urgent, sauf à se dissoudre et à disparaître - hypothèse qui n’a rien d’absurde au regard de plusieurs indices, notamment démographiques - qu’ils prennent une vraie conscience de ce qu’ils sont dans la longue durée et qu’ils partagent en commun le miracle singulier de leur histoire nationale. Sans le sentiment aigu d’un passé commun, les Français risquent de manquer leur avenir.



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