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3e de Pâques et solennité de Sainte Jeanne d’Arc - Sermon du Père Pic



La France de la décennie 1420 n'était plus, mes Frères, que ruine ou presque : guerre dynastique, guerre civile, féodalité en faillite, économie en crise, Charles VII privé de son trône par le scandaleux traité de Troyes, autorité royale anéantie, pays sans roi sacré – au point de se croire maudit par Dieu - après la mort en 1422 (il y aura 600 ans en octobre) d’un Charles VI incurablement fou, enfin pillages et massacres à peu près partout.


Alors, des voix célestes missionnèrent Jeanne. Et c’est avec une foi simple et sans faille que, ne sachant rien de politique et de guerre, elle se laissa mener par Dieu même, réussissant par Dieu même à inverser le cours des événements, par la libération d'Orléans et le sacre du roi légitime à Reims.


La leçon de ce moment si solennel de notre histoire est, comme parle S. Paul, que la puissance divine ne se révèle jamais autant que dans l’impuissance humaine, et, plus encore peut-être, dans l’impuissance extrême qu’est la défaite d’une grande nation. Leçon qui du même coup rappelle que Dieu choisit ce qui n’est rien aux yeux des hommes – une bergerette tirée de sa campagne - pour confondre ce qui se croit quelque chose en ce monde.


Moralement et spirituellement, mes bien chers Frères, nous somme en un état très voisin de celui de nos pères au XVe siècle. Si la France a récupéré l'anneau de la Pucelle, à la joie et dévotion de tous, de sainte fille ou saint garçon en chair et os, à cheval et sous les armes, nous n’avons plus. Le temps des héros et héroïnes semble bien révolu et celui des grands de la chose publique aussi.


Alors, que reste-t-il ? Il nous reste, mes biens chers Frères, ce dont cet anneau est le symbole et le gage : l’appartenance à la sainte Eglise malgré la crise sans précédents où elle se débat à n'en plus finir, il reste la foi et l’espérance de la vie éternelle, il reste Dieu même et la Cour céleste, dont « Jehanne la bonne lorraine », ainsi que la nommait Villon notre poète, est une des fleurs les plus belles après la bienheureuse Vierge, pour nous conduire invisiblement.


Nous conduire à quoi néanmoins ? Certes à une société meilleure, car jamais on ne doit renoncer à s’engager dans la communauté humaine, à servir avec la grâce de Dieu le pays de ses pères et, dans une logique de paix, aussi les autres nations – rappelons-le en ce temps de conflit gravissime entre deux peuples et au jour anniversaire de la fin de la guerre mondiale. Mais refaire une chrétienté ne dépend ni de chacun ni de nous tous. La chose ne serait possible que si la Providence en disposait ainsi, ce qu'à vues humaines Elle ne fait pas.


Si une nouvelle Chrétienté ne dépend que de Dieu, car une société chrétienne est un don du ciel et non une œuvre purement humaine, elle n'en exige pas moins un engagement de chacun et de tous qui a nom conversion quotidienne, par la prière, la méditation des Ecritures et des Mystères, la correction de ses défauts, le témoignage chrétien privé et public et le service désintéressé d’autrui. Car c'est de cela en chacun qu'est partie la grande aventure de la Chrétienté. C’est parce que dans les Gaules, des chrétiens sont devenus saints, les Martin de Tours, les reine Clotilde, les Geneviève de Paris, qu’un jour naquit la France chrétienne, qui produisit à son tour un Louis, roi pieux et juste, une Jeanne, la bergère et libératrice que nous fêtons ce dimanche, des martyrs à Laval, un curé d’Ars, une Thérèse de Lisieux, et tant d’autres.


Oui, nos premiers saints sont les vrais fondateurs de notre nation et les inspirateurs de son histoire. En reprenant d’avance et sans le savoir la belle formule que Jeanne allait dire à son procès, Dieu premier servi, ils ont fait la France, oui, fait la France (laquelle ne résulte d'aucun contrat social, d'aucun renversement de roi légitime, d'aucune subversion politique) car, ainsi qu'écrivait joliment feu dom Gérard, c’est en regardant le ciel qu’ils ont, chez nous comme ailleurs, dessiné les jardins de la terre. Le ciel sous la plume de dom Gérard, c'est le ciel, les jardins de la terre, c'est la France. De sorte que, si demain une royauté sociale de Jésus-Christ advenait de nouveau, ce serait, n’en doutez pas, grâce à nos conversions et à notre sainteté


d’aujourd’hui, grâce à cette foi vécue que nos enfants et neveux auraient reçue de nous comme un don de Dieu.

Que Marie, reine de France, Jeanne notre patronne et tant de Saints qui ont fleuri au jardin des Lys daignent nous assister de leurs exemples et de leurs intercessions.


Fr. Augustin Pic, O.P.





















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